AFFEN&Co 362, La Collégiale de l’AFFEN
avec Éric Melet, président de SoL France et co-auteur d’un ouvrage sur la psychologie positive (PP) au travail, explore l’apport de cette discipline dans l’entreprise, notamment à l’occasion de la réédition enrichie de son livre.
Fort de son parcours managérial et de son intérêt pour la philosophie et le sens, Éric Melet souligne que son travail vise à partager ce qui l’a marqué en tant qu’opérationnel. L’ouvrage, intégré à la collection pratique « La boîte à outils » de Dunod, permet de « picorer » des informations et des exercices
Il est crucial de distinguer la psychologie positive de la simple pensée positive
Alors que la pensée positive est subjective et utile pour développer l’optimisme (comme la méthode Coué), la PP est une approche scientifique. Lancée en 1998 par Martin Seligman, son objectif est de comprendre scientifiquement les facteurs d’épanouissement et pourquoi les individus et les organisations fonctionnent bien, en complément de la psychologie traditionnelle axée sur les manques et la souffrance. Le courant européen de PP, auquel se rattache l’auteur, se caractérise par une perspective plus critique que certains aspects du courant nord-américain, insistant sur la responsabilité de l’entreprise, notamment concernant les conditions et l’organisation du travail, et pas uniquement la responsabilité individuelle du bien-être
La PP peut être apprise et développée
Il ne s’agit pas de nier les problèmes existants, mais de choisir délibérément de voir d’abord ce qui fonctionne pour être mieux outillé face aux difficultés. Se concentrer uniquement sur les problèmes tend à les faire grandir
Plusieurs concepts et pratiques sont mis en avant :
L’optimisme contribue à l’épanouissement et peut être cultivé en travaillant sur son « style explicatif », c’est-à-dire la manière d’interpréter les événements (notamment les échecs) et de reformuler son discours interne. Cette idée de se concentrer sur ce qui dépend de soi renoue avec d’anciennes sagesses philosophiques
La gratitude est fondamentale : réapprendre à apprécier et à s’arrêter plutôt que de courir après une performance maximale
La connexion à soi implique de prendre le temps, se déconnecter pour identifier ses ressources et valeurs personnelles
Connaître ses valeurs est essentiel, y compris au travail où des valeurs différentes peuvent entraîner des conflits. Un exercice dans le livre aide à identifier ses cinq valeurs clés et leur intégration professionnelle
La dimension collective est aussi importante que l’individuelle. Construire des relations positives est un pilier au travail
Se concentrer sur les forces de caractère des individus et des équipes, plutôt que sur les manques, demande un « recablage » car notre cerveau est naturellement câblé pour anticiper les menaces
Les neurosciences confirment l’intérêt de la PP : le cerveau fonctionne mieux dans un environnement sécurisant
Les émotions positives, comme la joie, élargissent l’esprit, favorisent la créativité, la résolution de problèmes et la connexion sociale
La sécurité psychologique, concept développé par Amy Edmondson, est un facteur clé de performance des équipes, permettant d’oser exprimer des idées ou des erreurs sans peur du jugement. Google l’a identifié comme critère numéro 1 d’une équipe performante
Pour intégrer la PP en entreprise, il est suggéré de commencer simplement, par exemple par des conférences incluant de la mise en pratique, ou des ateliers sur les valeurs ou l’appréciation des forces
L’équipe elle-même peut devenir un « groupe de parole » favorisant la sécurité psychologique
En résumé, la psychologie positive est présentée comme un outil pertinent pour reconstruire la confiance, favoriser l’épanouissement et améliorer la performance dans un environnement incertain, en soulignant l’importance d’une démarche à la fois individuelle et collective, soutenue par l’entreprise